Jozef Matula (ed.)

Averroism between the 15th and 17th century

Studia Classica et Mediaevalia, Band 28

Rezension


518. -, Dilucidarium metaphysicarum disputationum: STROHSCHNEIDER (Anna-Katharina), "Metaphysics Last: Agostino Nifo on Averroes, Avicenna, and the Order of the Theoretical Sciences", dans MATULA (v. n° 524), p. 151-187. # La position de Nifo regardant le statut de la métaphysique ne se saisit qu'à partir d'Averroès et il faut comprendre que, lorsque dès le début il expose l'opinion d'Averroès, il présente en même temps la sienne. Il adopte la distinction entre le caractère ultime de la métaphysique dans l'ordre de l'apprentissage et son caractère premier quant à sa propre nature et à sa supériorité sur les autres sciences. S'il n'est pas nécesssairement exact dans sa manière de rendre les positions d'Avicenne et de métaphysiciens qu'il ne nomme pas, il rend compte avec sûreté des positions d'Averroès, tout en les introduisant dans un contexte nouveau et en opérant un traitement neuf du rôle de la métaphysique. Il suit Averroès et le défend, même sur des points qui ne font pas difficulté vis-à-vis de la foi comme celui de l'ordre des sciences théorétiques, endosse sa doctrine, attaque Avicenne pour défendre le point de vue d'Averroès même lorsque leur divergence paraît mineure. Il ne se montre pas seulement un sectateur ardent mais un interprète avisé, fournissant des références exactes et relevant des liens entre des passages apparemment sans rapport du Commentaire long sur la Métaphysique, combinant adroitement des parties de la théorie d'Averroès. - Éd. Naples, S. Mayr, 1511 (pagination utilisée ici); Venise, H. Scotus, 1560

524. -: MATULA (Jozef) (éd.), Averroism between the 15th and the 17th Century, Nordhausen, Verlag T. Bautz, 2020, 311 p. ("Studia classica et mediaevalia", 28). # Huit articles, issus pour la plupart d'une rencontre tenue à Olomouc en novembre 2016 et dont six (traitées ici sous les noms des auteurs concernés en premier lieu) relèvent de cette bibliographie. Chaque article est suivi de sa bibliographie particulière. Index final des "noms".

528. -: SPRUIT (Leen), "Eclectic Universalist Noetics and its Critics", dans MATULA (v. n° 524), p. 188-224. # Après un rappel des grandes lignes de la noétique aristotélicienne-averroïste et de la psychologie platonicienne, on passe en revue diverses opinions regardant les relations entre universalismes platonicien et péripatéticien: Marsile Ficin et Pic de la Mirandole, Marcantonio Genua et ses disciples, Francesco Giorgio et Francesco Patrizi, avant d'en venir aux positions éclectiques de Jérôme Cardan et Giordano Bruno, pour terminer par les critiques de la noétique universaliste, plus avant dans le XVIe contra medicum et refusant à cet art quelque implication que ce soit sur le plan moral. - Éd. E. Garin, La disputa delle Arti nel Quattrocento. Testi editi ed inediti di Giovanni Baldi, Leonardo Bruni, Poggio Bracciolini, Giovanni d'Arezzo, Bernardo Ilicino, Niccoletto Vernia, Antonio de'Ferrariis detto il Galateo, Florence, 1947, p. 37-100.

2001. -: MATULA (Jozef), "Echoes of Averroes in Renaissance Platonism: Cardinal Bessarion", dans id. (v. n° 524), p. 116-150. # La présence d'œuvres d'Averroès dans la bibliothèque de Bessarion ne signifie pas que le cardinal ait étudié systématiquement sa philosophie. Son orientation philosophique ne lui imposait pas, à la différence de ses contemporains aristotéliciens, d'en tenir compte constamment en sa qualité d'interprète d'Aristote. Il ne fait à Averroès que de rares mais significatives références, dans des contextes où la philosophie a des implications théologiques: alors que la question de l'immortalité de l'âme humaine chez Aristote demeure indécise et que son adversaire Georges de Trébizonde prétend concilier Aristote avec la doctrine chrétienne, Beassarion se sert d'Averroès pour montrer que les interprétation de G. de T. sont à la fois en contradiction avec le christianisme et avec les interprétations d'Averroès, le commentateur d'Aristote par excellence.

2251. Iohannes Picus Mirandulae: AKOPYAN (Ovanes), "One More (Unsuccessful) Reconciliation: Giovanni Pico della Mirandola on Averroes and Islamic Philosophy", dans MATULA (v. n° 524), p. 80-115. # L'activité de Pic peut être divisée en trois périodes: jusqu'aux Conclusiones et leur condamnation par l'Inquisition (1486), son grand effort de conciliation des doctrines; dans la période florentine qui suivit, un intérêt dominant pour l'exégèse biblique (Heptaplus en 1489 et commentaire inachevé sur les Paumes, 1491-1492); enfin une violente critique de l'astrologie (lettre De ente et uno à Ange Politien de 1491, Disputationes adversus astrologiam divinatricem, 1493-1494, publication posthume en 1496). Dans la première période, Pic avait inclus les philosophes arabes dans sa conciliation générale. Dans la seconde, il n'en a pratiquement rien dit. Dans la troisième, il a sévèrement critiqué la pensée arabe en tant que corrompue par la tradition astrologique, exception faite d'Avicenne et Averroès. Mais cette exception n'a qu'un caractère tactique, elle est destinée à faire croire que les grands philosophes et théologiens du passé ont été unanimes à rejeter l'astrologie; ces deux penseurs arabes n'en sont pas moins presque absents des Disputationes, y compris le l. III consacré aux arguments de la philosophie naturelle contre l'astrologie: après 1486, Pic a bel et bien renoncé, au fond, à réconcilier la philosophie arabe avec la théologie chrétienne.

2257. -: SPRUIT, v. n° 528. # P. 199. Pic endosse la version de la psychologie averroïste développée après 1270 par Siger de Brabant, identifiant l'Intellect agent avec Dieu et regardant l'âme humaine comme un principe individuel composé d'un unique intellect possible et d'une âme cogitative et sensitive. Il admet aussi l'union avec l'intelligence divine au moyen de la connaissance scientifique parfaite. Il fusionne ces conceptions avec la doctrine platonicienne de l'intellect et de l'ascension vers l'Un. Il fut aussi l'un des premiers auteurs de la Renaissance à saisir la portée du commentaire de Simplicius au De anima.

2719. -, Theologia Platonica: LEINKAUF (Thomas), "Ficino und Averroes. Ein Vorläufiger Kommentar zu Ficinos Auseinandersetzung mit Averroes im Buch XV der Theologia Platonica", dans MATULA (v. n° 524), p. 9-79. # La critique longue et approfondie d'Averroès à laquelle procède Ficin au l. XV de la Théologie platonicienne, où son éditeur R. Marcel (1964) a vu un "véritable De unitate intellectus", à résonances thomistes, mais néanmoins original, montre Averroès proche à la fois du matérialisme de David de Dinant et du dualisme des Manichéens. L'unité divine empêche selon lui que les âmes humaines soient des "parties" de la substance divine, son caractère de forme pure ne lui permet pas de construire les "matières" en leur pluralité, son caractère de centre fixe de toutes choses ne le laisserait pas changer sa forme en nous tout en demeurant stable en elle, il ne se peut qu'il soit l'âme des âmes et qu'il n'y ait en tous qu'un même intellect. Ficin entend terminer par une position synthétique, recevant d'Averroès l'immortalité de l'intellect passif, d'Alexandre d'Aphrodise que les intellects passifs sont des facultés innées dans les âmes des hommes et de Platon que les âmes individuelles sont immortelles. Il veut poser à la fin un accord fondamental regardant la prisca sapientia des théologiens platoniciens, chrétiens et arabes, remontant fondamentalement à Platon et excluant largement Averroès et les formes proches de sa pensée.


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